E/CN.4/2002/73 page 33 n’est pas facile à établir. Les dérogations aux normes internationales relatives aux droits de l’homme restent compréhensibles dans la mesure où elles se conforment à l’article 4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, ainsi qu’à l’observation y afférente adoptée par le Comité des droits de l’homme. 126. Il est à craindre également que la démocratie, la primauté du droit et la protection des droits de l’homme dans lesquels la communauté internationale et les États se sont investis, ne soient exposées au doute, voire à la remise en cause. Des organisations non gouvernementales et des autorités internationales s’en inquiètent car toute la question reste de savoir si la lutte contre le terrorisme peut tout justifier et suspendre – ou arrêter – tout un processus d’évolution. Des justices d’exception sont mises sur pied; la détention sans jugement, sans assistance d’un avocat, sans les garanties d’un procès équitable, est établie dans certains États. La surveillance des communications, y compris électroniques, la fouille des domiciles se développent parfois à l’abri de tout contrôle judiciaire. Il arrive que les étrangers soient frappés de suspicion quasi systématique; leur renvoi et leur expulsion ou, à défaut, leur détention pour des périodes indéfinies, se réaliseraient sans ménagement ou garantie. Les interrogatoires peuvent se faire de manière rude pour être efficaces. 127. Les minorités, notamment musulmanes et spécialement arabo-musulmanes en Occident, et notamment aux États-Unis, se sont trouvées dans une situation très difficile. Beaucoup de leurs membres ont été victimes de nombreux actes d’intolérance et de discrimination allant du refus d’accès au transport aérien à des atteintes au droit à la vie en passant par toutes sortes d’autres atteintes se manifestant au niveau de l’école, des lieux de travail, des lieux de culte et de détention. 128. Tout s’est passé et continue parfois de se passer comme s’il y avait une véritable opération de diffamation des musulmans et des arabes en général et de l’islam en particulier. Une véritable islamophobie semble gagner les cœurs et les esprits dans certains pays. Dans certains pays musulmans, des attitudes aussi primaires, intolérantes et discriminatoires ont été enregistrées parmi certaines franges de l’opinion. Des actes particulièrement graves ont affecté notamment des chrétiens dans des pays musulmans; certains y ont laissé leur vie. Des extrémistes se réclamant de l’islam ont alimenté des discours de haine. Dans certains pays, notamment occidentaux, des lieux de culte musulmans, juifs et chrétiens ont subi des outrages. 129. On a l’impression qu’un repli identitaire, où le religieux relèverait du non-dit, semble s’installer progressivement. L’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, confortée par le Programme mondial pour ce dialogue adopté par l’Assemblée générale le 9 novembre 2001, aura été aussi, malgré les actions accomplies et les espoirs suscités, une année qui a généré des incompréhensions supplémentaires en raison des simplifications, des généralisations et des abus rendus possibles par une émotion incontrôlée. Or lorsque l’émotion, aussi légitime qu’elle soit, a tendance à étouffer la raison, les risques de dérapage se développent et la voie de l’aventure, de l’extrémisme, de l’intolérance et de la discrimination se retrouve encore plus largement ouverte. 130. C’est dire au total que le risque de décrédibilisation de l’ensemble du système de protection et de promotion des droits de l’homme n’est pas une hypothèse d’école. Le discours sur la sélectivité et sur la notion des «deux poids, deux mesures», appuyé par des comparaisons

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