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135. La représentation négative ou la méconnaissance de l’autre, ou encore l’indifférence à son
égard, véhicule l’image d’une humanité amputée. C’est dire toute l’importance qu’il y a à
affirmer l’humanité pleine et entière de tout être humain, en changeant les mentalités et les
comportements et en faisant en sorte que par l’éducation scolaire s’affirment et se développent
des attitudes et des comportements de tolérance et de non-discrimination qui, dans le respect de
l’autre, concourent à notre épanouissement. Toute la question demeure donc de savoir comment
préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie dans un esprit de compréhension, de
paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes
ethniques, nationaux et religieux et avec les personnes d’origine autochtone; c’est là une
question clef, une question cardinale.
136. La Conférence de Madrid «souligne l’urgente nécessité de promouvoir, au moyen de
l’éducation, la protection et le respect de la liberté de religion ou de conviction afin de renforcer
la paix, la compréhension et la tolérance entre individus, groupes et nations en vue de développer
le respect du pluralisme» (par. 1 du Document final). Elle considère, en effet, «que les jeunes
générations doivent être élevées dans un esprit de paix, de tolérance, de compréhension mutuelle,
de respect des droits de l’homme et spécialement de respect de la liberté de religion ou de
conviction, et qu’elles doivent être protégées contre toutes les formes de discrimination et
d’intolérance fondées sur leur religion ou la conviction» (par. 3).
137. Le Rapporteur spécial invite la communauté internationale, les États et l’ensemble des
parties intéressées à examiner les voies et moyens susceptibles de renforcer, par l’éducation
scolaire notamment, la prévention de l’intolérance et de la discrimination fondées sur la religion.
Il attire tout particulièrement l’attention sur la nécessité d’harmoniser, dans un esprit de tolérance
et de respect, les programmes et manuels scolaires, les méthodes pédagogiques ainsi que les
systèmes de formation des formateurs.
B. Les événements du 11 septembre 2001
138. Les répercussions des événements du 11 septembre sur le mandat relatif à la liberté de
religion ou de conviction et sur l’ensemble du système des droits de l’homme sont considérables.
Il n’est pas encore temps d’en faire le bilan, ni d’en tirer tous les enseignements, mais il est
possible de souligner, d’ores et déjà, qu’ils ont créé une tension supplémentaire qui touche le
mandat du Rapporteur spécial sur la liberté de religion ou de conviction.
139. L’extrémisme imputé à la religion et l’instrumentalisation de la liberté de religion ou de
conviction à des fins qui lui sont étrangères ont atteint le degré de l’intolérable. Depuis 1993, le
Rapporteur spécial ne cesse de souligner les dangers que représentent ces phénomènes pour les
droits de l’homme en général et pour le droit de l’homme à la paix en particulier; à maintes
reprises, il a appelé à l’établissement d’un minimum de règles et de principes communs de
conduite et de comportement en vue d’y faire face. Il regrette que ses appels répétés au sujet de
la nécessité de lutter contre l’extrémisme religieux et l’instrumentalisation des religions à des
fins politiques et partisanes n’aient pas eu, à temps, les effets souhaités.
140. Les effets des événements du 11 septembre sur les minorités religieuses et plus
généralement sur la tolérance et la non-discrimination mettront longtemps à se dissiper d’autant
plus que l’équilibre entre les implications de la sécurité et celles de la liberté est de plus en plus
difficile à préserver. Si le droit légitime à la sécurité permet, conformément au droit