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d’attitudes et de comportements, expose le système des droits de l’homme à bien des aléas dont
celui de la réduction à un système propre à l’Occident traduisant moins le concours de tous que
celui d’un particularisme dominant.
131. Les interrogations posées et les craintes formulées trouvent leur explication dans le nombre
considérable de communications transmises au Rapporteur spécial tant par les organisations non
gouvernementales que par les communautés de religion ou de conviction et les particuliers qui
sont en relation avec le mandat sur la liberté de religion ou de conviction. Le Rapporteur spécial
est conscient de l’impact considérable des événements du 11 septembre sur son mandat; il
souhaiterait, cependant, disposer du recul suffisant pour préparer un dossier aussi complet que
possible sur tous les aspects de l’après-11 septembre liés à son mandat et procéder à leur analyse
au regard de la liberté de religion ou de conviction, de la tolérance et de la non-discrimination.
Il tient cependant à rappeler, d’ores et déjà, la nécessité d’assurer le respect des normes du droit
international relatives aux droits de l’homme et l’urgence qu’il y a à développer les initiatives et
actions de prévention, par l’éducation, de l’intolérance et de la discrimination fondées sur la
religion ou la conviction.
III. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
132. En guise de conclusions et de recommandations, le Rapporteur spécial souhaiterait faire
trois séries de remarques: les premières concernent la Conférence de Madrid, les deuxièmes, les
événements du 11 septembre 2001, les troisièmes portent sur le bilan des activités du mandat à
l’occasion du vingtième anniversaire de l’adoption de la Déclaration sur l’élimination de toutes
les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction. Quelques
brèves réflexions sur la logistique et la méthodologie de travail compléteront ce dernier chapitre.
A. La Conférence de Madrid
133. La Conférence internationale consultative sur l’éducation scolaire en relation avec la
liberté de religion ou de conviction, la tolérance et la non-discrimination (Madrid,
23-25 novembre 2001) a constitué un moment fort dans la vie du mandat sur la liberté de religion
ou de conviction; elle est venue confirmer l’importance du volet «prévention» du mandat.
134. En effet, Il y a lieu de penser que la gestion des atteintes aux droits de l’homme, dont la
nécessité et l’importance sont indiscutables, demeure malgré tout insuffisante tant qu’elle ne
s’accompagne pas d’une activité de prévention qui tente d’agir sur les causes des violations.
La prévention se réalise essentiellement par l’éducation dont les vecteurs sont multiples, l’un des
plus importants étant le vecteur scolaire. Dans maints États, l’éducation scolaire pousse au repli
identitaire qui, partant du légitime droit à l’identité, aboutit parfois à l’indifférence, à la rupture
et même à l’hostilité à l’égard de l’autre. La méconnaissance de l’autre, l’absence de curiosité à
son endroit, à l’endroit de sa culture, de sa civilisation, de sa religion ou de sa conviction, de son
histoire, ne sont pas de nature à favoriser la compréhension, la tolérance et encore moins
l’interaction. Les clichés, les stéréotypes, les mythes tiennent lieu, dès lors, de certitudes que des
angoisses profondes entretiennent et que des peurs fugitives exaltent. C’est dire que c’est dans
l’esprit des hommes que naissent les guerres et toutes les formes d’intolérance et de
discrimination et c’est à ce niveau que les conceptions et actions devraient se situer
prioritairement.